Brûlée vive sur un bûcher, la prophétesse Kimpa Vita a libéré la fierté de l’identité noire et porté une foi émancipatrice sur un continent en proie à l’oppression.
Une allure élancée, une prestance de sainte et « de si grands yeux »… C’est ainsi qu’est décrite au début du XVIIIe siècle Kimpa Vita, grande prophétesse du Kongo, par les missionnaires européens. Si les écrits à son sujet sont si nombreux, « c’est qu’elle inquiète beaucoup les colons portugais et l’inquisition. Suffisamment, même, pour qu’on veuille la tuer », précise l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch.
Kimpa Vita, de son nom chrétien Dona Beatriz, utilise la même arme que celle de ses ennemis : la religion. Un jour, alors qu’elle est à peine âgée de 20 ans, la jeune femme a une révélation. Saint Antoine, un chrétien vénéré par les colons portugais, lui apparaît en vision. Tel un frère, il est noir. Il lui ordonne de retrouver Pedro IV, l’actuel roi du Kongo qui a déserté le royaume, et de le ramener à Mbanza Kongo, la capitale (appelée São Salvador par les Portugais), afin d’unifier le royaume qui souffre de divisions internes.
À cette époque, le Royaume Kongo recouvre un immense territoire du centre de l’Afrique, s’étendant de l’Angola au Gabon actuels, en passant par les deux Congo.